Comme vous avez pu le constater dans "Le végétarien ou l'impossible juste", "Lutter contre l'impossible juste" et "L'impossible juste frappe encore" (un trilogie donne toujours un air sérieux au contenu), ma relation au végétarisme est... ambiguë. Mais alors qu'en début d'année je m'étais juré d'enterrer la hache de guerre une bonne fois pour toute, une petite remarque m'a fait, à nouveau, basculer du côté obscure.
Je ne vous ai jamais caché ma passion pour Hannibal (entre Anthony Hopkins et Mads Mikkelsen mon coeur chavire) et alors qu'à table j'expliquais avec passion la dernière folie culinaire de celui-ci (cf. épisode 6 de la saison 2), j'ai entendu le mot "végétarien" raisonner. A vrai dire, je ne sais plus s'il s'agissait de deux conversations différentes ou d'une blague en rapport car mon cerveau s'est mit à tourner très vite pour me pondre la grande interrogation de ma soirée :
« VÉGÉTARISME ET CANNIBALISME SONT-ILS INCOMPATIBLES ? »
Bien sûr, je comprends qu'à première vue il n'y a rien de plus incompatible qu'un végétarien et un cannibale mais réfléchissez un instant...
Dans mon premier article sur le sujet, je vous parlais des raisons pour devenir végétarien (nous allons d’emblée exclure ceux qui ne mange pas de viande pour des problèmes de santé ou de goût) :
- la raison écologique car les « cultures nécessaires au bétail sont sources de grande pollution »* ;
- la raison morale parce que manger des animaux innocents (même tués avec gentillesse) c'est pas cool.
Il y a donc deux raisons pour devenir végétarien : AIMER LES ANIMAUX (raison morale) et/ou AIMER LE GENRE HUMAIN (raison écologique). Dans les deux cas les végétariens agissent pour le bien commun et par conviction.
D'accord, me direz-vous, mais
que vient faire le cannibalisme dans cette histoire ?
que vient faire le cannibalisme dans cette histoire ?
Eh bien voila, le cannibalisme n'est pas contradictoire avec les raisons évoquées ci-dessus voir même bien au contraire.
Premièrement, reprenons la raison morale : les hommes, contrairement aux animaux, ne sont pas innocents. Plusieurs faits vont dans le sens de ce que j'affirme : le chapitre 3 de la Genèse (j'adore aller sur bible-en-ligne juste pour le nom du site), ça vous parle ? C'est à ce petit épisode que l'on doit la notion de "péché originel".
Bon, déconnage biblique mis à part : un homme mangeant (donc tuant) des animaux innocents peut-il être considéré lui-même comme innocent ? Non. Mais par contre, un homme mangeant un homme mangeur d'animaux innocents n'est-il pas, quelque part, un héros ? Un végétarien cannibale rétablirait donc la justice tout en évitant le gâchis !
Deuxièmement, parlons des raisons écologiques : celles-ci rejoignent les conclusions de la raison morale. En effet, moins d'humains revient à moins de demande en viande donc moins de pollution !
Finalement, c'est juste parce que le cannibalisme ne fait pas parti de notre culture que nous ne l'avons pas envisagé par rapport à la question du végétarisme mais les deux régimes ne sont pas si contradictoires. Bien au contraire, les cannibales vont dans le sens des végétariens.
Après, je ne pense pas qu'un cannibale-végétarien puisse manger un autre végétarien sans que cela ne rentre en conflit avec ses convictions puisque les végétariens, ces éternels juste, n'ont pas fait de mal aux animaux (fait discutable).
Aimer le genre humain est-il compatible avec le cannibalisme ? Philip Carvel est un grand philanthrope et cela ne l'empêche pas de mettre au point Janus ! Peter Singer est un utilitariste** (et végétarien militant) faisant passer le bien être commun avant l'individu. Bref, vous avez compris l'idée.
- La question qui reste est celle du choix de son repas : QUI MANGER ?
- les autres végétariens ? Nous avons déjà dit qu'un cannibale-végétarien ne peut pas manger un autre végétarien sous peine de devenir un impossible juste (malédiction !) ;
- votre voisine ? Je ne pense pas que l'on puisse donner une réponse catégorique à cette question puisque la voisine n'est jamais qu'une voisine (elle est voisine par rapport à vous seulement) ;
- votre professeur ? Ce serait anti-productif, nous avons besoin de professeurs ;
- les kékés ? Méfiance... ;
- l'auteure de ce blog ? Ce serait encore plus anti-productif que de manger son professeur et plus sérieusement, le premier qui essaye se prend un coup de pied-de-biche ;
- des prisonniers ? Cela soulève des questions d'éthique et de justice ;
- les dépressifs ? Cela me parait être la meilleure solution.
Je conclurai cet article (je vais vous laisser à votre réflexion à propos des cannibales-végétariens) par un mot d'esprit en disant que l'expression préférées des cannibales doit sûrement être : « si tu as faim mange ta main et garde l'autre pour demain » !
* Acta - Impact écologique et humanitaire de l'élevage
** L'utilitarisme est une doctrine éthique qui prescrit d'agir (ou ne pas agir) de manière à maximiser le bien-être global de l'ensemble des êtres sensibles.
Et toi, que penses-tu du cannibalisme ?
T'arrives-t-il de te mordre pendant ton sommeil ?
Penses-tu que les végétariens devraient être cannibales ?
Penses-tu que les végétariens ont assez d'humour pour être cannibale ?
T'es-tu déjà senti(e) observée par un cannibale ? Etait-il végétarien ? Ou végétalien ?
T'es-tu déjà senti(e) observée par un cannibale ? Etait-il végétarien ? Ou végétalien ?
Je partage ton appétence pour Hannibal.
RépondreSupprimer"Gideon: How does one politely refuse a dish in circumstances such as these ?
Hannibal: One doesn't."
Quelle scène vicieuse... Et totalement à propos !
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