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dimanche 29 novembre 2015

Le dilemme de l'habile ou Pascal et le Nutella

Résumé personnel Sellier 124-126 des Pensées de Pascal

Revenons sur l'article précédent Un blog, Pascal et un rasoir [deuxième partie] (dont est tirée l'illustration ci-dessus) dans lequel j'élargis l'idée de Pascal sur le peuple/les demi-habiles/les habiles à la société actuelle, et plus précisément aux normes esthétiques (et encore plus précisément à l'épilation). 

Après avoir pris comme exemple de l'épilation, je concluais en exposant le dilemme de l'habile : 
- rester un habile et fermer les yeux (parce que c'est mieux pour la société -guerre civile !) ;
- se révolter et devenir un demi-habile (parce que c'est mieux pour le respect de soi -justice !).

« Le plus grand des maux est les guerres civiles » (Laf. 94, Sel. 128)

Pascal avait peur de la guerre civile mais Pascal ne vivait pas à la même époque que nous. Nous sommes tous, dans certains domaines (je reprends Pascal à ma sauce) des habiles (à part quelques ignares et les enfants de moins de 6 ans -je surestime peut être l'humanité). 

Prenons l'exemple du Nutella : après la polémique déclenchée par Ségolène Royal*, plus personne ne peut ignorer (s'il fallait attendre ça...) un fait bien concret qui est que Nutella = huile de palme = déforestation = mauvais**. Pourtant : 
« Chaque seconde, on mange 2,7 kilos de Nutella, soit 230 tonnes de Nutella par jour en France. Autrement dit, chaque année il se consomme 84 000 tonnes de Nutella dans l'hexagone, 26% du total mondial ! » (Consommation de Nutella en France)
« Chaque seconde, 9,5 kilos de Nutella sont engloutis par les consommateurs dans le monde, soit 300 000 tonnes par an. [Qui] pourtant [est] composé à 60% d'huile de palme et de sucre [...]. » (Consommation de Nutella dans le monde)
Les habiles connaissent ce raisonnement (ainsi que le suivant : Nutella = 60% d'huile et de sucre = mauvais pour la santé) mais cela n'empêche pas les ventes de continuer. 

Alors que les habiles, dans les Pensées de Pascal, respectaient l'ordre politique et social en place dans l’intérêt commun, les mangeurs de Nutella, habiles par leur savoir, ne respectent l'ordre économique mondial que dans leur propre intérêt dérisoire : manger du Nutella. 
Les multinationales ont remplacé la noblesse. 

La question du savoir et de ses responsabilités se pose alors. Bonne chance

* premier nom politique à apparaître sur mon blog (si mes souvenirs sont bons). 
** cependant attention aux idées reçues (j'ai moi aussi été surprise) : je vous laisse vous renseigner sur l'encyclo-ecolo (dommage, cependant, pour le manque de références directes -ce qui n'empêche pas de réfléchir). 

Illustration de la crème de l'iceberg (parce que crème = dessert = cerise)
Collage Julie Morel et Canopé

2 commentaires:

  1. La série d'articles est intéressante, surtout pour les concepts de l'habile et compagnie (j'en avais jamais entendu parler, mais en même temps je n'ai fait de la philo qu'en terminale... en S pour superficiellement...). Je vois ce que tu veux dire et le rapport qu'il peut y avoir avec les luttes féministes. Qu'en est-il quand tu es un peu entre l'habile et le demi-habile ? Je pense pas qu'on s'épile tout le temps, et moi franchement, ça me fait souvent chier, et je ne pense pas tellement que ma beauté sera entachée au yeux de mes partenaires ou de mes proches s'ils voient apparaitre quelques poils. Et autre sujet, les menstruations. Plus le temps passe et plus j'en parle ouvertement, sans tabou ni gêne. Après tout, on est 50% de la population à avoir nos règles, à les avoir eu ou à être sur le point de les voir (prépubères, ménopausées ou dans la fleur de la fécondité, enfin plus ou moins aha). Ma lutte reste locale, j'imagine, mais elle me rend les choses plus simples à vivre, la restriction et les obligations font chier.
    Et puis c'est intéressant aussi au niveau des féministes qui se battent entre elles, entre celles qui sont habiles et celles qui sont demi-habiles et qui se le reprochent mutuellement... Est-ce que si on s'épile pas et qu'on s'en fout de celles qui s'épilent quand même, on est habiles ? Ou entre les deux ? Et est-ce mieux que toutes les féministes se tolèrent entre elles malgré leur degré différent de féminisme (qu'elles soient toutes habiles ?) ou non (demi-habiles au risque de vraiment démanteler le mouvement ?).
    J'ai pas vraiment de réponse à tout ça mais ce sont des questionnements intéressants.

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  2. Hier, je réfléchissais à l'entre habile et demi-habile justement. J'ai trouvé l'expression : "habile à tendance flexi-demi" (j'ai copié sur les végétariens). Je crois que je vais l'ajouter à l'article.

    La question du tabou de le menstruation est intéressante mais j'avais choisi l'épilation dans son rapport à l'ignorance et au paraître.
    Pour ma part, j'ai mené une campagne anti-serviette dans mon entourage amicale (ultra local).

    Si tu ne t'épiles pas (que tu ne cherches des noises ou pas à celles qui le font) tu est une demi-habile car ton geste est dans l'anti-conformisme donc dans la remise en cause de l'ordre esthétique donc... "GUERRE CIVILE" ! Tu te calmes Pascal !
    Bref, comme je l'ai dit dans le n°2, j'ai lu un article sur la remise en cause de la société patriarcal dans le fait même d'exposer des poils féminins en public.

    Je pense que le féminisme est, comme des autres luttes, un combat qui engage la personne même. Et forcement, lorsque l'on s'engage personnellement il y a des tensions à un moment ou un autre pour divergence de point de vue, d'engagement, etc. Et là se pose la superbe question de dissertation : un féminisme ou des féminismes ?

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