« Quelle place est assignée aux filles ? » se demande Sandra Rieunier-Duval dans l'instroduction de Publicité, dessins animés : quels modèles pour les filles ? un article de Nouvelles Questions Féministes « Quel visage "moderne" est donné au sexisme ? Quels modèles proposent les héroïnes ? »
C'est à travers ces questions que je vais essayer de vous faire comprendre pourquoi j'ai regardé les 5 saisons de My Little Pony (il faut bien ça pour se justifier) en deux articles.
En effet, dans un premier temps, je m’intéressai aux modèles proposés par les héroïnes (comme vous pouvez le constater, je suis parfaitement les interrogations exposées ci-dessus), puis je me focaliserai sur Spike, le personnage masculin principal de ce dessin-animé, pour essayer de comprendre s'il n'est pas écho à la condition des femmes au XXème siècle.
Ce mélange de qualités basiques (Un immense cœur sprantanquant ♪♫ ?) fait écho aux propos de Sandra Rieunier-Duval lorsqu'elle dit :
« QUELS MODÈLES PROPOSENT LES HÉROÏNES ? »
Je pense que la réponse se trouve dès le générique (stratégique). En effet, celui-ci présente les caractéristiques des ponettes principales : intelligente/curieuse, courageuse, joyeuse, innocente, forte et gentille.
♪♫ TWILIGHT SPARKLE - Je me demandais ce qu'était l'amitié
Puis avec moi vous l'avez tous partagé :
RAINBOW DASH - De grandes aventures
PINKIE PIE - Pleines de joie,
RARITY - Un immense cœur pur,
APPLEJACK - Et fort à la fois
FLUTTERSHY - Un brin de tendresse,
TWILIGHT SPARKLE - Ce n'est pas bien complexe
Un tour de magie et c'est parti !
/L'amitié est la magie qui nous unit !/ ♪♫
« Certains personnages semblent définitivement catalogués comme ringards. Ainsi des princesses absolument belles, bonnes, gracieuses et délicates (La Belle au Bois-Dormant, Cendrillon…), ainsi des jeunes filles bien élevées, promptes à materner le tout-venant (Blanche-Neige, Wendy dans Peter Pan…). 『Le temps est aux héroïnes qui agissent et qui pensent』: Mulan à la guerre, Jane dans une expédition scientifique. 『Leur intelligence est un élément clé du personnage』, alors que ce n’était jamais le cas précédemment. Voilà des personnages de filles qui semblent aussi débarrassés des scories habituelles d’une féminité caricaturale : 『elles ne sont pas ridiculement peureuses』, 『ni absurdement coquettes』 ou 『capricieuses』. 『Elles n’ont plus rien de passif non plus』, et 『elles savent se défendre』. [...] En fait, l’une des principales nouveautés réside dans 『l’abandon d’une sorte d’idéalisme mièvre qui faisait des héroïnes des êtres toujours gracieux, souriants et calmes』. Les filles ont gagné le droit à l’inélégance. »
Dès le premier épisode, c'est la curiosité intellectuelle (la lecture de ses livres l'histoire) qui va mener 『TWILIGHT SPARKLE』 à Ponyville. Elle tentera d'arrêter la jument Séleniaque en utilisant les éléments d'harmonie* et sauver Equestria. Elle finira par habiter dans la bibliothèque. Je crois que le message est assez clair : elle "pense et agit".
Cependant, 『TWILIGHT SPARKLE』 ne vient pas de son plein gré à Ponyville mais y est envoyée par la Princesse Célestia pour se faire des amies. Elle rencontre donc plusieurs ponettes comme 『RAINBOW DASH』 , un ponette sportive, vantarde et courageuse. Elle représente selon moi le ponette (à remplacer par "femme") libre de toutes obligations (bien qu'elle ait un travail, elle l’exécute toujours très rapidement grâce à ses capacités) ce qui est symbolisé par ses ailes et sa vitesse (sa marque de beauté est un éclaire multicolore rouge-jaune-bleu sortant d’un nuage blanc).
『APPLEJACK』, elle, est une arboricultrice fruitière : elle porte toujours un chapeau de cow-boy, parle comme un cow-boy et s’occupe de la cuisine et du travail de la ferme. En fait, on découvre au fur et à mesure que c'est elle qui dirige sa famille. Bien que son travail soit au centre de sa vie (l'importance de la Ferme de la Douce Pomme constitue l'intrigue de plusieurs épisodes), il reste son moyen d'indépendance et la ponette devient donc une figure qui s'oppose au modèle patriarcal.
Contrairement à 『APPLEJACK』, 『PINKIE PIE』 ne vit que pour le loisir. Je ne sais pas vraiment quoi dire d'elle (mis à part qu'il s'agit de mon personnage préféré). Passons (si vos connaissances en MLP peuvent compléter cet article, faites-vous plaisir).
Lorsque j'ai commencé à écrire cet article, je pensais que 『RARITY』 et 『FLUTTERSHY』 seraient les ponettes qui me poseraient problème par rapport à la thématique abordée (mais je crois que j'ai été influencée par mes propres sentiments vis à vis d'elles) : les héroïnes modernes. Pourtant, en y réfléchissant, même si 『RARITY』 est la ponette la plus coquette du groupe avec son goût immodéré pour le luxe, on peut la voir comme une business woman moderne et indépendante. En effet, dans certains épisodes, elle ira même jusqu'à faire passer sa carrière avant ses amies et sa famille.
Quant à 『FLUTTERSHY』, même si elle apparaît comme une ponette peureuse et timide, on apprend qu'elle a délaissé son rôle de pégase pour vivre en tant que poney terrestre afin de faire ce qu'elle désirait vraiment. Ca revient à laisser tomber sa carrière ultra branchée pour aller élever des chèvres dans le Larzac à Équestria !
Mi-humaine mi-Pinkie Pie |
Enfin, comme un vrai groupe de féministes, elles savent s'unir pour 『se défendre』.
Comment ? Grâce aux éléments d'harmonie (ouais... C'est bo).
De qui ? (me demanderont ceux qui n'ont pas vu la série) On peut recenser plusieurs ennemis au fil des épisodes mais l'important n'est pas là. L'important se situe dans le fait que la série tourne autour de l'amitié et des pouvoirs qu'elle donne aux héroïnes lorsqu'elles s'unissent. Aucun des épisodes ne tourne autour d'une intrigue amoureuse* et aucune de ces ponettes n'est mariée/fiancée/engagée.
Comment ? Grâce aux éléments d'harmonie (ouais... C'est bo).
De qui ? (me demanderont ceux qui n'ont pas vu la série) On peut recenser plusieurs ennemis au fil des épisodes mais l'important n'est pas là. L'important se situe dans le fait que la série tourne autour de l'amitié et des pouvoirs qu'elle donne aux héroïnes lorsqu'elles s'unissent. Aucun des épisodes ne tourne autour d'une intrigue amoureuse* et aucune de ces ponettes n'est mariée/fiancée/engagée.
En fait, on peut remarquer, surtout dans les premiers épisodes, un rejet des personnages masculins (sauf Spike, mais c'est une autre histoire**) :
➜ d'un côté, la souveraine d'Equestria est mise en avant (ainsi que l'héroïne et ses amies) ;
➜ d'un autre, les premiers poneys mâles à apparaître ne servent qu'au transport (des poneys tirés des poneys -ou la possibilité d'une boucle infinie) et ne parlent pas. Le personnage masculin le plus récurrent, McIntosh, le frère de Applejack, ne se contente que de dire "eeyup" ou "nnope".
En fait, dès le troisième épisode, les Princesses (toutes célibataires sauf une -s02) incarneront le bien tandis que plusieurs figures masculines vont représenter le mal. On peut les considérer comme des alter ego des Princesses car ils ont pour nom/titre : roi Sombra***, Lord Tirek**** et Prince Blueblood (le bellâtre)*****.
* à trois exceptions faites (de mémoire).
** Cf. deuxième article.
*** roi Sombra : ancien dirigeant et tyran de l'empire de Cristal et principal antagoniste de la saison 3.
**** Lord Tirek : centaure mâle et le principal antagoniste de la saison 4.
***** Prince Blueblood : oui, enfin un Prince, il passera cependant du fantasme à personnage à fuir dans La Meilleure Nuit de tous les temps, le dernier épisode de la s01.
Le poney est donc exclu de l'univers de My Little Pony, faisant des héroïnes des Princesses sans Princes. Les personnages quittent l'image « des princesses absolument belles, bonnes, gracieuses et délicates » sans retomber dans celle de la mère* (c'est un dessin-animé pour enfants tout de même) ou de l'enfant : les héroïnes sont des ponettes accomplies, chacune à leur manière, qui proposent différents modèles mais auxquels elles ne se cantonnent pas : Pinkie Pie doit devenir responsable dans le 13x2, Fluttershy fait face à ses responsabilités de Pégase dans le 22x2, etc. Bref, dans leur difficultés, elles « gagn[ent] le droit à l’inélégance ».
* la maternité n'est presque pas présente dans MLP, à peine évoquée dans un épisode : on voit rarement des parents ou des bébés.
* la maternité n'est presque pas présente dans MLP, à peine évoquée dans un épisode : on voit rarement des parents ou des bébés.
Dans ma lancée, j'aurai pu aborder la question du rejet du genre social déterminé (via Applejack et Rarity ou encore les autres personnages secondaires), de la monarchie (mais quelle est donc cette fascination pour la monarchie ?!), de la boucle temporel (c'était ton destin !),... mais mon blog n'est pas entièrement consacrer à MLP. Par contre, je vous invite à lire Faut-il intellectualiser My Little Pony ? Le cas de Spike (bientôt dans vos librairies) ainsi que mon article sur les Totally Spies! (ou la tragédie du point de vue des Dieux) : WOOHP ou mont Olympe ?.